Probus L’histoire

Qui est-il :

Probus (Marcus Aurelius Probus) (v. 232 – 282)

Probus est né à Sirmium, capitale de la Pannonie. Ses origines familiales sont incertaines fils de tribun militaire ou d’agriculteur (ce qui lui confère son intérêt pour la vigne), mais sa carrière militaire aurait été brillante : Valérien le remarque et lui confie le commandement d’une légion. Il combat les Germains et les Sarmates, aurait mené des missions de pacification en Afrique dans la région de Carthage. Il participe aux campagnes d’Aurélien contre Zénobie.

Son accession au pouvoir

En fin 275 ou début 276, Tacite le promeut commandant de l’armée d’Orient (dux orientis), pour assurer la protection de la Syrie et de l’Égypte. À la mort de Tacite en juin 276, Probus est proclamé empereur par ses soldats. Probus invite les meurtriers de Tacite à un banquet impérial et les fait massacrer. (Pas très sympathique)

Son règne

En 276 et 277, la Gaule est ravagée en profondeur par des raids des Francs et des Alamans. L’armée de Probus intercepte ces groupes de Germains à leur retour vers le Rhin, et leur inflige de terribles défaites. L’Histoire Auguste affirme que 400 000 barbares ont été tués, 16 000 enrôlés dans l’armée romaine, et tout leur butin récupéré. Ces chiffres paraissent gonflés, mais la reconstitution des effectifs romains par des contingents barbares est une tendance qui ne fera que s’accentuer.

En 277 et 278, Probus poursuit l’intervention romaine au-delà du Rhin, et récupère le contrôle des Champs Décumates, saillant stratégique entre le Rhin et le Danube perdu en 268 sous Gallien. Ces actions et la réorganisation du limes du Rhin mettent pour un temps la Gaule à l’abri des raids germains, mais de nombreuses villes ont été victimes des raids de 276.

De 278 à 279, Probus continue ses campagnes victorieuses en Rhétie contre les Vandales et les Burgondes, en Thrace contre les bandes Sarmates. Dans le même temps ses légats ramènent l’ordre en Isaurie en réduisant un chef brigand, Lydius ou Palfurnius, et en Égypte contre les incursions des tribus nomades Blemmyes.

Ses réformes

Probus prend des mesures d’amélioration économique, notamment en faveur de l’agriculture :

  • Il autorise la culture de la vigne et la production de vin en Gaule et en Pannonie, annulant de fait l’édit de Domitien promulgué près de deux siècles plus tôt pour interdire la plantation de nouvelles vignes
  • Il installe sur des terres agricoles abandonnées des petits groupes de Germains. Ces colons, désignés par divers termes (déditices, lètes, gentiles) étaient fortement imposés et mobilisables en cas de besoin. De nombreux Francs et Alamans s’implantent ainsi comme colons ou comme auxiliaires en Gaule Belgique et le long du Rhin. Cette tentative échoue cependant avec les Goths qui se révoltent et pillent, d’après l’Histoire Auguste, plusieurs cités avant d’être massacrés et refoulés en dehors de l’empire.
  • Il lance des travaux d’intérêt public, de voirie, de drainage et de bonification des terres, auxquels il astreint aussi les troupes. Des papyrus découverts en Égypte témoignent que Probus oblige les propriétaires à entretenir les canaux d’irrigation, sous peine de sanctions sévères.

Sa fin

En 281, Probus peut enfin célébrer son triomphe à Rome et donner des jeux magnifiques : joutes de 600 gladiateurs, décors de centaines d’arbres pour des chasses avec des milliers d’animaux exotiques. Il aurait même déclaré : « Sous peu, nous n’aurons plus besoin de soldats » en référence au fait que l’empire est pacifié.

En 282, Probus confie la défense de l’Occident au préfet du prétoire Carus et se met en route vers l’Orient, pour entreprendre la conquête de l’Arménie et de la Mésopotamie contre les Perses. N’aimant pas voir ses troupes désœuvrées, il charge les soldats de travaux divers en temps de paix tels la plantation de vigne, l’assèchement des marais ou le percement de canaux, charges que les soldats trouvent déshonorantes. Autour de Sirmium, lors d’une inspection des travaux, il houspille des soldats fatigués de cette besogne et provoque une violente réaction, il parvint à se réfugier dans une tour d’assaut, mais les soldats révoltés incendient l’édifice. Probus, à moitié étouffé, presque carbonisé, se fait massacrer par les mutins. La nouvelle de sa mort est connue à Rome huit jours après son assassinat, tandis que la nouvelle se propage assez rapidement dans le reste de l’empire.

Le règne de Probus intervient à une époque charnière de l’empire romain, où celui-ci manque de peu d’éclater et de disparaître, avec la période des 30 tyrans. Pour Probus, le soldat n’est pas qu’un militaire, c’est un être doté de valeurs et de vertus, avant d’incarner l’ordre et le pouvoir, et défendre. Le soldat doit être un double de l’empereur et son représentant ; il doit être vu avec respect. De plus, Probus étend les actions sociales de l’armée impériale, en faisant participer l’armée romaine à des travaux utilitaires publics, et en aidant les populations, ce qui est repris dès le XVe siècle dans les empires coloniaux, et étendu à partir du XIXe siècle pour s’attacher les populations des pays conquis, et donner une bonne image des empires. Durant le règne de Probus, en plus des travaux, des soins sont apportés aux malades. Les Romains recherchent ce qui peut être emprunté de la médecine locale, respectent les chefs de tribus et les coutumes locales, et font circuler ce qui ressemble à des cahiers de doléances, afin de connaître les besoins des provinces, un concept novateur pour l’époque, plus ou moins repris par la suite, pour être ensuite rapidement oublié après le règne de Dioclétien. Pour sauvegarder un empire Romain aux abois, Probus instaure donc un dialogue constructif avec les différents peuples de l’empire, dans le respect, en passant par des valeurs sociales.